vendredi 20 décembre 2013

Wishlist #1: le pull marine


Il est beau, il est bleu marine, il est signé Chloé.

Il coûte 700 euros

Voilà quoi. On se contentera donc seulement de sa version chantée.



Damned!

mercredi 18 décembre 2013

Flight of the concords: une série pour chanter et danser



Ces temps-ci, j'ai envie de retrouver les aventures de Jemaine et Brett, mes deux néo-zélandais totalement perdus. Perdus dans leur ville d'adoption, New York, où la reconnaissance de leur nationalité donne lieu à de nombreux gags inépuisables (la supériorité des australiens, l'association systématique au Seigneur des Anneaux) et où leur absence de revenus mène à une vision toute particulière de la survie en milieu hostile. Perdus aussi dans leur rapport aux autres et aux filles prioritairement, objets de tous les fantasmes, muses inaccessibles pour lesquelles on se damne en silence en créant des compils auxquelles elles se révèlent être indifférentes.

Brett (dont personne n'arrive à prononcer le nom) et Jemaine sont des inadaptés, ils vivent quelque part, reclus dans leur bulle absurdement créative et autiste. Ils y créent des camera phone, des casques de moto recouverts de cheveux, y portent des pulls ornés de chevaux et de labradors en tout genre, et surtout y composent et chantent énormément. Car au-delà de l'humour très particulier qui émane de cette série, de la candeur de ses personnages, ce qui est le plus charmant, ce sont les chansons qui émaillent chaque épisode.




La série est gorgée de tubes, pastiches en tout genre mais complètement maîtrisés. On y passe du funk à la chanson sixties, du rap à la soul sans qu'une seule fois le second degré des paroles ne vienne prendre le pas sur la musicalité. Les paroles sont d'autant plus drôles qu'elles s'inscrivent dans un cadre musical rigoureux. Si lors de leurs concerts (dans la série), les Flight of the conchords se trouvent être de piètres showmen, dès qu'ils partent dans leur monde fantasmé, leurs chansons revêtent les atours de leur rêves: une production ultra léchée, des mélodies catchy servies par des clips répondant parfaitement au cahier des charges.




Malheureusement Flight of the conchords n'aura été un rêve de série que le temps d'une seule saison. La deuxième s'étant révélée aussi décevante que la première avait pu être innovante et attachante. Mais je ne désespère pas de voir ces phénix renaître un jour de leurs bien belles cendres.


Allez cheers!

lundi 16 décembre 2013

Une histoire de dose



A la manière de Chimène Badi, je peux fièrement déclamer "je viens du Suuuuuud". Mes parents en sont tous deux originaires (côté Est: Corse - PACA // côté Ouest: Toulouse, la ville rose), j'y ai vécu toute mon enfance, moins à l'adolescence, j'y ai toujours beaucoup d'attaches même si elles sont surtout familiales. Mais, pourtant, contrairement à notre chanteuse à forte voix, je ne suis pas sûre de pouvoir affirmer, sans ciller, que "par tous les chemins, j'y reviens". Ce n'est pas juste une histoire de teint peinant difficilement à bronzer, plus un état d'esprit.
 
Certes, la recherche du juste compensé constitue une de mes obsessions dès que le printemps pointe son nez mais je ne me sens pas particulièrement proche du caractère faussement bonhomme du Sud, des tapes dans le dos et de la sempiternelle question de l'apéro. Je ne me damne pas pour les productions de la mer, je ne nourris aucun rêve de piscine ou de grillades en plein air, je fuis l'enfer estival des villes du Sud, acheter un maillot de bain fait partie de mes drames annuels, je n'ai pas d'accent et le désert culturel qui peut régner en PACA a tendance à m'effrayer. Alors, oui bien sûr c'est réducteur comme approche mais cela me fait me poser de vraies questions quand je me retrouve face à des congénères qui ne jurent que par le fait "d'y revenir". Je me demande à chaque fois, si moi aussi, un jour, j'aurais véritablement ce besoin de retour.

Le rapport au territoire qu'il soit de naissance, d'adoption est toujours fascinant, il participe de la fantasmagorie personnelle, de ce que l'on pense faisant sens en soi. On se revendique comme venant d'ici ou de là, on se catalogue dans telle ou telle catégorie en fonction, or toutes ces origines, à moins de ne jamais sortir de chez soi, sont au final relativement superficielles. Heureusement, on n'est pas forcement pas le fruit d'un territoire.

Mais pourtant... pourtant, dans le fond, je me sens du Sud, c'est incontestable. Ce rapport ne se niche finalement pas dans un trait de caractère comme l'orgueil ou dans le matriarcat bien présent, mais dans un certain rapport à la lumière, à la mer. 

Nulle considération de voileuse dans mon cas, faire du bateau me barbe souverainement (de sombres histoires de sorties en optimiste en plein hiver durant toute mon année de CM2 ont achevé en moi toute envie de naviguer, si elle existait), plus une histoire de sensations: je suis une frileuse facile, j'ai besoin du soleil total, celui qui irradie, qui chauffe le corps, j'aime le mistral qui souffle, le bruit des vagues... Le bleu de la Méditerranée, les plages de Porquerolles, les ocres des criques pas totalement décimées par le tourisme, les pins et leur odeur si particulière, le chemin de la batterie basse, l'arrivée sur Ile-Rousse au petit matin, l'odeur du Maquis... tout ça peut paraître très banal tant tout être humain peut en effet avoir besoin de ça, mais ils sont pour moi constituants. Je ne me vois pas vivre sans. 

On a tous en nous ce territoire fantasmé, finalement une origine dépouillée de ses défauts. Pour moi, finalement, cet eden, c'est la mer tant je me rends compte combien tous les paysages où celle-ci est une composante essentielle m’émeuvent. La Pointe du Raz en Bretagne, les plages océanes du Cap Ferret, une vaste plage de sable noir en Islande, tous m'ont fait cet effet là. D'un coup, j'y prenais ma dose et je ne n'inquiétais plus de savoir ce qu'il y avait autour. J'aime l'idée que la mer soit ce paysage changeant, oscillant entre calme et tourmente, pouvant tout autant apaiser qu'inquiéter. Donc y revenir, certes, mais seulement là où, vraiment, je peux voir la mer.

Si une chanson parle particulièrement de ce rapport aux territoires qu'il soient géographiques ou émotionnels, c'est Brest de Miossec. Dont acte! (Oui, moi aussi, ça me bouleverse)


Allez cheers!

vendredi 6 décembre 2013

Vestiaire iconique #5 : La marinière de Charlotte



On peut gloser longtemps sur le style de Charlotte Gainsbourg et il y a de quoi. Sans grand effort, elle arrivera toujours à incarner cette espèce de chic négligé vers lequel n'importe quelle fille aimerait tendre. 

Pour ma part, je crois que l'image la plus forte que j'ai d'elle vient de l'effrontée de Claude Miller, notamment parce que dans ce film, sa "beauté" n'était pas encore vraiment fixée: les longues jambes qui ne sont pas encore envisagées comme un atout, les rondeurs de l'enfance concentrées sur un visage le plus souvent souvent boudeur, le regard buté, la voix qui susurre la plupart du temps et qui déraille lorsqu'il s'agit d'exprimer le trop plein, les tâches de rousseur qui disparaîtront, les grands bras d'un corps qui n'a pas encore trouvé son équilibre et puis les traits qui changent lorsque passe celle qui incarne un idéal de fille. Quand je regarde mes photos d'adolescente, j'ai à peu près le même ressenti: physiquement tout est là et en même temps rien n'est défini, ce n'est qu'un brouillon.

Le style du personnage dans le film est à l'image de ce qu'est l'adolescence, même si désormais les marques de prêt-à-porter tentent de nous faire croire le contraire: une valse hésitation entre l'état adulte (robes fleuries, talons) et l'état d'enfance (baskets en toile, pulls trop grands). Seul élément de transition entre les deux, la marinière. 

La force du tricot rayé c'est qu'il convoque tant les costumes de l'enfance, l'envie de se déguiser en petit marin, que l'ombre de la féminité, la coupe faisant apparaître la finesse des poignets, la délicatesse du cou. C'est un vêtement unisexe, qui appelle au voyage. Confortable lorsqu'il n'est pas bardé de stretch (horreur) et qu'il conserve ses émanchures légèrement trop amples et sa base en trapèze, pouvant se porter en hiver comme en été. Bref, s'il ne devait rester qu'un seul vêtement dans mon armoire, ce serait celui là, même si le fait qu'on le voit partout me hérisse.

Bon et puis, s'il y a une seule manière se remémorer ce film c'est quand même d'user jusqu'à la corde Sara perche ti amo, hymne de l'été 85 (que serait l'été sans une chanson italienne?).

Allez Cheers!

mardi 3 décembre 2013

Les voyages immobiles

Sebastiao Salgado, Big Horn Creek, Yukon Territory, Canada
























Hier je suis allée au concert d'Agnès Obel au Trianon. C'était bien sûr très beau, une formation ramenée à l'essentiel (un piano, un violoncelle, un violon), des harmonies de voix qui vous transportent et des chansons qui laissent entrevoir, sous l'apparente blondeur angélique, la noirceur. Si le costume de lumière d'Agnès Obel m'a rappelée qu'en matière de style et d'élégance, nous ne sommes bien sûr pas tous logés à la même enseigne (cette fille peut porter un costume blanc à la Elvis, être coiffée/décoiffée comme NKM sans paraître le moins du monde ridicule), ce concert m'a également rappelée combien les chansons, de manière générale, peuvent vous transporter, dans le temps, dans l'espace, traîner avec elles leur lot d'émotions. Une évidence, tant la musique peut nous faire pleurer, danser, communier... mais un rappel toujours aussi surprenant quand il vous prend de court.

Il faut savoir que mon fils de presque 3 ans écoute tous les soirs depuis environ 34 mois le premier album d’Agnès Obel. Au début, c'était surtout pour nous, mauvais parents, une aide à l'endormissement; les douces mélodies de Philharmonics semblaient avoir un effet très apaisant sur lui.  Puis il s'est pris au jeu, les réclamant le moment venu d'aller au lit. Si désormais j'associe cet album à l'ensemble de mes débuts de soirées depuis 3 ans, la chanson Brother Sparrow, elle, est liée à un instant très précis. Nous étions à Copenhague, et il venait d’attraper la varicelle. Maladie assez bénigne, c'est sûr, mais première vraie source de trouble pour moi, peu habituée à voir mon enfant souffrir autant tout en étant autant désarmée pour l'aider. Sa peau auparavant si jolie, si douce était recouverte de tous ces boutons, il semblait souffrir le martyre en dépit des baumes apaisants, des multiples douches calmantes. Le soir venu, les démangeaisons étaient encore plus intenses. La nuit était donc souvent agitée et je me souviens l'avoir souvent pris dans mes bras pour le rassurer en écoutant cette chanson. Le fait que nous soyons au Danemark à ce moment là (Agnès Obel est danoise), je ne sais pas pourquoi, a particulièrement ancré cette chanson dans mes souvenirs. De fait, quand je l'entends, je me retrouve transportée dans cette chambre qu'on nous avait si gentiment prêtés, serrant dans mes bras l'objet de mes inquiétudes, attendant que la fatigue fasse son œuvre, regardant par la fenêtre cet environnement étranger et du coup, un peu fascinant.

Il y a beaucoup de chansons, grandes ou petites, émouvantes ou non, qui me font réaliser ces voyages immobiles. Il y a les chansons liées à des souvenirs, quatre exemples:

> Rome de Phoenix (sur Wolfgang Amadeus Mozart) me fait penser à une petite marche solitaire que je m'étais octroyée à Tokyo. La nuit venait de tomber et je n'avais pas d'agenda précis si ce n'était de retrouver tout le monde un peu plus tard. Du coup j'avais une heure à tuer et pour déambuler à ma guise entre Daikanyama et Naka-meguro, ipod dans les mains. Rien de fou là-dedans, remonter des rues en solitaire, rentrer dans des petites boutiques de quartier, m'acheter un gâteau à base d'azuki (ma passion), bref, juste l'impression de m'approprier cet espace, d'imprimer dans mon cerveau mon propre voyage.

> La ballade du mois de juin de Benjamin Biolay et Chiara Mastroianni me ramène à une tentative ratée d'attraper un avion pour Rome. N'ayant rien compris aux heures d'embarquement de Ryanair, nous avions tout simplement loupé l'avion. Du coup, retour à l'envoyeur, nous avions du rentrer à Paris pour refaire le même trajet le lendemain. Cette chanson a accompagné ces nombreux allers retours avec vue défilante sur la campagne version Ile de France.

> Everybody's gotta learn sometimes de Beck, cette reprise, globalement très mélancolique a marqué un tournant dans ma vie amoureuse.

> Nude as the news de Cat Power me transporte directement en septembre 1996, j'arrive à Dakar pour 2 ans, armée de mon Inrocks de la semaine avec Neneh Cherry en couverture et sa compil intitulée "une rentrée 96". Comme le déménagement n'est pas encore arrivé, j'use ce cd jusqu'à la corde. Je lis 20 ans, je porte des adidas gazelles vertes et des t-shirts Petit Bateau col rond bleu marine. Je me dis que je dois absolument regarder Kids de Larry Clark et qu'il est temps que j'apprenne la guitare.

Et puis il y a les chansons qui vous font voyager dans des territoires émotionnels ou géographiques inédits:

> Walk on the wild side de Lou Reed me transporte dans la légende fantomatique du Chelsea hotel.

> Easter de Patti Smith me fait remonter les allées d'une église au côté de Rimbaud

> There is a light that never goes out des Smiths me confie le volant d'une voiture déambulant à toute vitesse dans le Manchester des années 80, et me fait vivre par procuration la plus belle et désespérée des déclarations d'amour.

Bon je pourrais continuer longtemps...  Donc pour terminer, on écoute les Smiths, on jette des lys en l'air et on pleure...


 Allez cheers!