mercredi 19 février 2014

Wishlist #3: Lara Melchior pour & Other Stories


A quelques exceptions, c'est assez rare pour moi d'aimer les bijoux modernes. Ma maman m'a souvent donné des bijoux à part, originaux, pas forcement toujours à mon goût mais toujours anciens, nourris d'une histoire. Et puis j'ai eu la chance, petite, de fréquenter par intermittence l'atelier d'un de ses amis bijoutier, ce qui m'a donné le goût du travail bien fait, du savoir-faire de l'artisan. Du coup, si je peux bien sûr trouver les bijoux fantaisie amusants, jolis, je me rends compte que, sur la longueur, je reste le plus souvent attachée à mes basiques et aux précieux. 

Et puis Lara Melchior est arrivée. Cette jolie créatrice (qui s'habille d'ailleurs avec beaucoup de goût) signe de très beaux bijoux, en toute petite série mais à des prix malheureusement très peu atteignables. Son style est assez intemporel. En regardant ses créations toute en finesse, ses bagues façons nid d'abeille, ses feuilles de ginkgo, ses médailles frappées, je n'ai pas l'impression de me retrouver face à un bijou à la mode, déclinable à l'envie, mais à un travail unique de création, une proposition d'artisan.

Quand j'ai appris fin d'année dernière qu'elle allait réaliser une collection capsule pour & Other Stories, j'ai fait une petite danse intérieure devant mon ordi (malheureusement difficile de partager ce genre de joie avec une personne autre que moi-même), puis j'ai guetté, guetté...J'avoue que j'avais un peu peur, (je n'ai jamais été complètement séduite par les propositions de l'enseigne) mais la collection est arrivée et badaboum (!) j'y retrouvais tout l'esprit de Lara Melchior et ces visuels si élégants donnaient envie de tout.

J'ai donc fait main basse sur quelques petites choses en décidant que je pouvais bien me faire mon propre cadeau de St Valentin (même si dans les faits, je ne la fête pas...)...Le choix fut rude mais je n'ai qu'un mot à dire: je suis TROP contente.

Si dans la seule boutique de & Other stories à Paris, tout est déjà bien vendu, les petites malignes iront se fournir directement sur le site!

Allez cheers!

mardi 11 février 2014

L'âge de raison

Celui où les journées sont tellement pourries qu'heureusement il y a New Order...


dimanche 9 février 2014

Prose combat: récit d'un gâchis

"Dans Prose Combat, la révolte était presque un truc mélancolique."
Philippe Bordas au sujet de l'album phare de MC Solaar.

Je trouve que cette phrase, très belle, résume assez bien la classe et le type de rap qu'a pu incarner, à un moment, Mc Solaar. Souvent considéré comme un rappeur trop gentil, trop variété, on oublie trop vite que cet album - Prose Combat - a permis l'avènement du rap en France auprès d'un très large public et combien les influences à l'oeuvre étaient riches. Bref, en tombant sur ce très bel article du Mouv, je me suis rappelée qu'en effet, un jour, alors que j'essayais de trouver Nouveau Western sur Deezer, je m'étais fait la réflexion suivante : "tiens c'est bizarre, on trouve pas ses morceaux". 

Et puis, entre nous, c'est vrai que ce type était (est?) quand même d'une rare beauté.


Allez cheers !

lundi 3 février 2014

Hang the DJ!


Le fan snob de musique (que je suis) a souvent un souci. Il passe son temps à regarder d'un air dédaigneux les goûts musicaux de ses amis ("Quoi? Tu écoutes ça???" - air d'épouvante ), rêve des dancefloors londoniens ("Là bas, on peut danser sur les Smiths" - air de ravi de la crèche), peut juger les gens qu'il ne connaît pas sur leurs goûts ("Attends, il a un album de Ks Choice" -  ton définitif) et a depuis longtemps brulé tout ce qui était antérieur à son entrée dans l'ère du bon goût musical, le tout assorti d'une mauvaise foi caractérisée et de quelques mensonges auquel il commence à croire lui-même ("j'ai grandi en écoutant Jacno", la bonne blague).

Dit comme ça, le fan snob a tout d'un être détestable. Mais pourtant, c'est un être humain comme les autres qui se retrouve face à certaines contradictions difficiles à résoudre. La plus importante étant de se rendre compte que parfois (voire même souvent), il a, lui aussi, un penchant pour écouter des musiques de type "merguez" (en gros, une musique "fout la honte" pour tout personne profondément attachée à plus d'un album d'Arab Strap).

Car oui, le fan snob de musique possède lui aussi un corps; corps qui parfois se désolidarise de son cerveau pour marquer le rythme d'une chanson un peu facile. Pour satisfaire ce goût honteux pour la mauvaise musique, le fan snob de musique a heureusement plusieurs techniques à sa disposition.

> Guetter les mariages d'amis qui ne sont pas eux-mêmes fans snob de musique. Le mariage de fans snobs de musique n'est bizarrement pas le meilleur endroit pour faire la fête, certes, il est possible de lever les bras en criant "Whouhou!" sur du Blondie, de bouger ses jambes sur Arcade Fire, de se lancer dans une danse épileptique sur Joy Division et de rentrer en communion avec le reste de la terre (et les esprits de la forêt) sur Animal Collective MAIS il y manque souvent cette dose d'improbable indispensable à toute fête réussie. Là-dessus je me base sur le succès répété et quasi automatique de Femme que j'aime (on appréciera d'ailleurs ce titre qui rend un hommage appuyé à la langue de Molière) de Jean-Luc Lahaye. Bref, dans un mariage "normal", le fan snob de musique pourra espérer danser sur quelques bons standards du moment et d'antan (merci Tatie Yvette) voire entamer sa choré préférée sur Alexandrie Alexandra (joie!).


> Amener ses collègues et amis à faire du karaoké: dans un lieu public ou en appartement, la sélection des karaokés ou de Singstar est rarement de bon goût; facile d'y trouver un Bonnie Tyler ou un Lady Gaga de bon aloi. Le fait de devoir chanter en groupe et la notion de compétition étant totalement décomplexant, il est très facile, pour le fan snob de musique, de dissimuler le fait, qu'en réalité,  il connaît par coeur, toutes les paroles et les inflexions de voix du titre original... et il peut s'en donner à coeur joie vu que chanter fort est indispensable.



> Faire du jogging (ou n'importe quel sport qui demande 40 minutes d'effort solitaire et la possibilité  d'écouter de la musique très fort). Le sport, après une journée de travail, est une activité suffisamment rébarbative (au moins dans ses 10 premières minutes) pour qu'elle ne s'accompagne pas en plus de chansons certes très belles mais un peu plombantes (qui a déjà fait des abdos sur du Françoiz Breut?). La gym suédoise l'a bien compris et base son succès non pas sur la qualité de ses enchaînements mais sur la satisfaction des participants à sautiller de concert sur Rihanna ou à se relaxer sur Enya. Comme faire du sport nécessite d'avoir un rythme, c'est donc l'activité parfaite pour écouter une musique dont les limites de la rythmique (et la notion de sous-qualité) ont été poussées dans leurs retranchements. Autre point non négligeable: l'Ipod garantit le fan de musique d'une certaine discrétion dans l'écoute.




> Aller à la fête foraine ou à la fête du village (ou au bal des pompiers du 14 juillet). Là, le fan snob de musique peut trouver tous les ingrédients pour vivre un grand moment d'affranchissement musical. Britney est à fond et le DJ hurle dans son oreille ("alleeeeez, maximum machine"), voire, il peut danser et manger des cochonneries. L'enchantement s'arrête quand retentit Michel Sardou et que les gens commencent à faire des trucs vaguement basques (en gros, se mettre par terre et faire la vague ou quelque chose d'approchant).



> Justifier un choix douteux par la phrase "C'est très bien produit". En gros, cela veut dire que derrière la console, des types comme Calvin Harris ou Pharrell Williams cachetonnent à mort et que, vu qu'ils ont un peu de crédibilité, ils donnent à l'amateur de musique la possibilité d'assumer à peu près n'importe quelle horreur sur laquelle ils apposent leur nom. Mais attention! Pour soulever cet argument, il est important que le fan snob de musique se tienne très au courant des tendances: autrefois adoré, Timbaland à force de pénibles "Hey" posés sur des titres WTF (on parle de l'album avec M. Pokora?) a perdu toute crédibilité.





> Attendre qu'un autre média crédibilise (enfin) un titre un peu putassier. Je me souviendrais longtemps du terme "craquettes" utilisé par les Inrocks pour qualifier les Sugababes, improbable girls band anglais et leur très chouette Overload (il y avait déjà eu un précédent dans ce même magazine en 1999 avec le titre Pure shores de All Saints). Il faut également remercier la série Girls pour avoir réhabilité en moins de deux minutes Halo de Beyoncé et Dancing on my own de Robyn.







>  Être un peu éméché en soirée. C'est bien connu, l'alcool rend sourd et aimant. Le fan snob y trouve donc l'elixir parfait pour faire passer pour du second degré ou de l'inconscience le fait de danser comme un fou sur Taylor Swift. Et puis de toute manière, le lendemain, tout le monde aura oublié.



Outre ses quelques techniques, le fan snob de musique retrouve néanmoins le sourire quand de bons groupes font de grands albums de dancefloor. Là, plus de contradictions avec lesquelles vivre, il peut bouger son corps et sa tête dans un même élan. Et pour cela merci New Order, merci Hot Chip, merci Fuck Buttons, merci Daft Punk, merci LCD Soundsystem et bien d'autres...



Allez cheers!

Bienvenue à Rio Baril


J'aime beaucoup Florent Marchet. Alors oui, on entre clairement pas dans le périmètre de la chanson gaie gaie (en même temps comme il le dit lui-même "c'est pas moi qui ait commencé" - cf. l'émission Comme on nous parle dont il était l'invité la semaine dernière), mais son analyse toujours juste des rapports sociaux me captive. Un petit précis de sociologie enrobé de mélodies étincelantes ( selon le dernier article de Technikart, l'utilisation du terme "étincelant" me vaudrait sûrement d'être classée directement dans la catégorie des personnes "qui écrivent comme un journaliste des pages culture des Inrocks" - en passant, article très drôle)

Je compte Rio Baril parmi les disques les plus beaux et les plus lucides de la chanson française. Lucidité adossée à une ville imaginaire dont Florent Marchet trace les contours, sans sensiblerie mais tout en sensibilité. 


On retrouve du Miossec dans ces histoires d'amour désenchantées, un peu vaches et souvent avinées (d'ailleurs, on le retrouve en personne sur le refrain de Je m'en tire pas mal - livrée du premier album), du Dominique A dans le lyrisme, du Sufjan Stevens dans les orchestrations précieuses et puis Charles Fréger signe les photos de l'album, autre motif de joie tant son travail de répertoire photographique sociétal dénué d'artifice - mais non sans regard - entre en correspondance avec celui de Florent Marchet. e:


Rio Baril, c'est le récit implacable d'une France "moyenne", avec ses aspirations terre à terre, son rejet  pas totalement assumé de l'autre, sa consommation d'antidépresseurs quotidienne, ses amours vacillants et ses enfants qui préféreraient ne pas grandir. Les orchestrations si belles viennent alléger le tout, mais dans le fond, le conte est bien cruel.  C'est un album intense qui vous fait vite oublier que la chanson française est parfois un peu trop ronronnante. 

Et puis il y a les autres disques de Florent Marchet. Gargilesse notamment dont la seule écoute de deux titres emporte le tout: le cinglant Levallois et le sublime et pourtant dramatique Le terrain de sports (impossible d'associer la vidéo youtube, rahhhhhhhh). Tout en maniant une langue et des problématiques bien contemporaines, Florent Marchet prouve que chanter en français n'est pas antinomique avec le concept de ritournelle, de chanson, qu'il est possible de faire sonner ces mots sans forcement perdre sur le fond. Même si Courchevel est peut-être un peu moins abouti que les précédents, on y trouve toutefois des pépites.



Je fais volontairement l'impasse sur les albums sortis en parallèle tels que Frère Animal (que je trouve plus difficile d'approche) ou celui de reprises de chansons de Noël (car la couv me fait peur - oui je sais ce n'est pas une raison pour ne pas l'écouter, mais j'ai un souci avec les pères Noël et les clowns tristes).

Mais pourquoi parler de Florent Marchet ces temps ci? Et bien parce qu'il sort un nouvel album qui s'appelle Bambi Galaxy. Je ne sais pas vraiment à quoi m'attendre mais ayant entendu quelques bribes, je sens qu'il va me plaire (et pourtant il part pour être d'une écoute risquée).

Allez cheers!