vendredi 6 décembre 2013

Vestiaire iconique #5 : La marinière de Charlotte



On peut gloser longtemps sur le style de Charlotte Gainsbourg et il y a de quoi. Sans grand effort, elle arrivera toujours à incarner cette espèce de chic négligé vers lequel n'importe quelle fille aimerait tendre. 

Pour ma part, je crois que l'image la plus forte que j'ai d'elle vient de l'effrontée de Claude Miller, notamment parce que dans ce film, sa "beauté" n'était pas encore vraiment fixée: les longues jambes qui ne sont pas encore envisagées comme un atout, les rondeurs de l'enfance concentrées sur un visage le plus souvent souvent boudeur, le regard buté, la voix qui susurre la plupart du temps et qui déraille lorsqu'il s'agit d'exprimer le trop plein, les tâches de rousseur qui disparaîtront, les grands bras d'un corps qui n'a pas encore trouvé son équilibre et puis les traits qui changent lorsque passe celle qui incarne un idéal de fille. Quand je regarde mes photos d'adolescente, j'ai à peu près le même ressenti: physiquement tout est là et en même temps rien n'est défini, ce n'est qu'un brouillon.

Le style du personnage dans le film est à l'image de ce qu'est l'adolescence, même si désormais les marques de prêt-à-porter tentent de nous faire croire le contraire: une valse hésitation entre l'état adulte (robes fleuries, talons) et l'état d'enfance (baskets en toile, pulls trop grands). Seul élément de transition entre les deux, la marinière. 

La force du tricot rayé c'est qu'il convoque tant les costumes de l'enfance, l'envie de se déguiser en petit marin, que l'ombre de la féminité, la coupe faisant apparaître la finesse des poignets, la délicatesse du cou. C'est un vêtement unisexe, qui appelle au voyage. Confortable lorsqu'il n'est pas bardé de stretch (horreur) et qu'il conserve ses émanchures légèrement trop amples et sa base en trapèze, pouvant se porter en hiver comme en été. Bref, s'il ne devait rester qu'un seul vêtement dans mon armoire, ce serait celui là, même si le fait qu'on le voit partout me hérisse.

Bon et puis, s'il y a une seule manière se remémorer ce film c'est quand même d'user jusqu'à la corde Sara perche ti amo, hymne de l'été 85 (que serait l'été sans une chanson italienne?).

Allez Cheers!

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