vendredi 31 janvier 2014

Maquillage iconique #2: Les yeux d'Edie Sedgwick



Tout y est : faux cils, liner démesuré, ligne des sourcils un poil trop appuyée. Un accent mis sur le regard pour des yeux qui gobent tout. Un visage en contrepartie minuscule, et le reste quasi pas maquillé. Là encore, une poupée, une sorte de Pierrot, bref un masque. Un masque qui s'accompagne d'un rire bruyant, extravagant, un peu forcé pour enfoncer toujours un peu plus profondément les les maux de petite fille riche qui ne cherche qu'à s'émanciper, sans savoir que cela se paye cher...

Nars a lancé il y a un an une ligne de maquillage inspiré de l'univers d'Andy Warhol. J'y ai vu plus qu'une énième récupération de ce nom mythique. En effet, Nars n'est pas Bobby Brown, il y a du show, de la flamboyance dans ses maquillages. On n'y cherche pas la sobriété mais un fantasme de femme, totalement en accord avec les créatures de l'ère Factory et bien évidemment Edie Sedgwick. Dans cette collection très réussie, il était possible de faire main basse sur des crayons à grosse mine d'un argent subtil, des palettes organisées autour d'une certaine idée du "shimmer", du "glitter". La possibilité de laisser soi-même une trainée de poudre étoilée pour briller dans la nuit.




Allez cheers!

mardi 21 janvier 2014

De jeunes gens modernes


Ces temps ci, boire et danser ce n'est pas vraiment au programme pour moi mais du coup je le fais par procuration... Youhou! (Alors oui, ça pose à mort chez Aline mais est-ce que ce n'est pas le propre de ce type de chanson, et puis comment résister à ce riff de guitare qui te donne immédiatement envie de te déhancher) Allez cheers!

lundi 20 janvier 2014

Ex-fan des nineties


Hier en zappant sans grande ambition, je suis retombée sur ce clip de Cannonball des Breeders, énorme tube de 1994 et groupe que j'aime toujours énormément. En regardant Kim et Kelley Deal avec leur je m'en-foutisme capillaire, leurs larsens géniaux faire n'importe quoi n'importe comment, je me suis dit que, quand même, les années 90 avaient été particulièrement chouettes au niveau musical, ou en tout cas, en termes de proposition musicale. 




Dans mon esprit, les années 90, c'est certes mon adolescence mais c'est surtout une décennie un peu rêvée, où la musique indépendante était réellement promue auprès du grand public et de fait, par des grands médias. Qui peut imaginer aujourd'hui en écoutant Fun Radio (d'ailleurs peut-on aujourd'hui vraiment écouter Fun Radio? A la rigueur on peut passer sur la dite fréquence par erreur, saigner des oreilles et crier d'horreur avant d'aller se coucher dans son lit, apeuré...) qu'il fut un temps où cette même antenne diffusait Common People de Pulp, carburait à Nirvana et pouvait vous faire entendre Pavement aux heures les moins confidentielles? Plus grand chose en effet. MTV idem, avant d'être une chaîne dédiée au corps de Miley Cyrus, avait des airs de petite zone un peu marrante (et certes très marketée) avec ses programmes un peu loufoques (R.I.P Daria et Beavis & Butthead) et ses clips de Radiohead période The Bends en veux-tu en voilà.



Bon voilà, l'air du temps n'est clairement plus à la défense ou en tout cas à la mise en avant d'une culture underground. Pour pouvoir atteindre le mainstream, celle-ci doit d'abord être lessivée, repassée et bien amidonnée, histoire d'être considérée comme accessible. C'est un peu triste. Ça donne Rihanna qui change de style musical tous les deux albums, les albums "acoustiques" pour approcher la "vérité de l'artiste" (beuark), une énième version du piano voix un peu émouvant (Wings de Birdy n'est-il pas la copie conforme de Somewhere only we know de Keane qui lui-même était fortement inspiré par The Scientist de Coldplay? pfioulala...)...

En regardant en arrière, j'ai le sentiment que j'ai eu de la chance de pouvoir grandir dans une décennie où la culture de l'anti-conformisme, du DIY était accessible, promue, où les icônes étaient volontairement asexuées ou jouant justement avec ses codes pour mieux les briser, pour des raisons artistiques et non pas commerciales. Je ne pense pas pour autant que "c'était mieux avant", il y a toujours eu une récupération de l'underground par le mainstream et les années 90 ont vu leur lot de très mauvais groupes dont la musique était volontairement pompée sur ce qui "allait marcher" pour l'ado indé en Doc Marteens qui attendait fébrilement le moment où il allait pouvoir acheter sa "sélection Rock Sound" (ou Inrocks selon). Et puis il y a toujours aujourd'hui énormément de très bons disques qui sortent, le nier serait totalement idiot.

Sur ce coup, je ne sais pas si Sébastien Tellier est le meilleur exemple, mais j'aime beaucoup trop cette chanson.

Non je crois que ce que je regrette profondément, c'est qu'aujourd'hui si j'étais ado et si naturellement je ne m'intéressais pas aux cultures alternatives, rien, ne m'amènerait de manière très simple à les apprécier. Dans les grands médias, il n'y a plus de place pour l'indé. Le goût, la tendance musicale se sont simplifiées autour d'un espèce de néant musical (un peu de R'n'B, une dose d'eurodance, un featuring, une choré, une proposition stylistiques outrancière) et surtout idéologique. A part le très transversal "accepte-toi, les différences, c'est très beau" prôné par des artistes à l'anticonformisme de carton-pâte (la variante: "Ce qui ne te tue pas te rend plus fort" souvent tatoué dans l'intérieur du bras), j'entends assez peu parler les musiciens que ce soit de leur musique, de leurs convictions (mis à part le pseudo féminisme vendu pour ratisser large), ou des gens, des mouvements qui les ont influencés intellectuellement (si j'entends encore une fois Lady Gaga sur Andy Warhol, je meurs). Les grands médias ne leur en donnent pas la place, car ils ont ce même rapport frileux à l'innovation, à l'art. C'est un système qui s'auto-entretient d'ailleurs puisque les maisons de disques, elles-mêmes n'ont plus les moyens ni l'envie de proposer quelque chose qui sorte des sentiers battus. Et puis le rapport à la consommation musicale a tellement changé depuis une dizaine d'années. Le partage en musique se fait bien sûr toujours mais "entre soi". Du coup on maintient quelque part le bon goût pour une élite, c'est dommage. Tout ça me donne l'impression d'une espèce de repliement généralisé.

Mais bon on a le droit de se dire que les choses vont encore changer et je l'espère car il y a toujours des pépites. On parle d'Anna Calvi, cet espèce de mélange entre Jeff Buckley et PJ Harvey? (bref, l'enfant parfait issu d'un rêve érotique de tout ado des années 90)



Allez cheers!





mercredi 15 janvier 2014

Voyage et tourisme: le regard malicieux de Julien Blanc-Gras


Le masque et la plume sur France Inter est un de mes plaisirs coupables du dimanche soir (mis à part lorsqu'ils abordent le théâtre, car..."je n'aime pas le spectacle vivant"). Les critiques invités savent alterner sérieux et fantaisie, s'invectivent tels de vieux compagnons de route, manient les mots et les concepts avec brio, et semblent surtout prendre un plaisir fou à être là. Plaisir communicatif notamment quand ils pratiquent cet art tout français de la descente en flèche. C'est d'ailleurs là que réside la culpabilité: entendre un bon mot un peu méchant (quand il ne me concerne pas) est, paradoxalement, toujours amusant. Bref, c'est une émission qui par la qualité de ces échanges et son sens particulier de l'entertainment culturel m'a donné envie d'acheter beaucoup de livres, de voir beaucoup de films.

Un soir, Jérôme Garcin a lancé une discussion autour du dernier livre de Julien Blanc-Gras: Paradis (avant liquidation). Là, chose assez rare pour être soulignée, ce fut une unanimité totale; ce livre semblait être une réussite: écriture, sujet, style. L'emballement était tel qu'il a suscité ma curiosité, je n'ai donc pas résisté longtemps à l'achat de Touriste, seul livre de cet auteur disponible dans la FNAC la plus proche de chez moi (oui j'aurais pu aller chez le libraire, mais paradoxalement je vis dans un quartier de lettres pauvre en librairies).

J'avoue avoir d'abord un peu hésité. Le livre était classé dans la section "Écrivains voyageurs", section qui, là comme ça tout de suite, ne me séduit pas plus que ça. Beaucoup d'a priori  pas vraiment fondés sur cette catégorie d’œuvres littéraires, l'impression que je signe un pacte pour être assommée par les considérations anthropologiques à la fois désuètes et pompeuses d'un Yann Arthus Bertrand (Tout le monde n'est pas Lévi-Strauss). Mais au moment de reposer le livre, je me rappelle de l'emballement lors de l'émission. Allez hop, c'est acheté.

Et bien, ce Touriste, je l'ai lu d'une traite. Je l'ai trouvé drôle, très drôle. On est en effet bien loin du récit de voyage empesé sensé nous donner à constater la supériorité intellectuelle de son auteur. Julien Blanc-Gras s'y présente comme un amoureux pathologique de la géographie, dont la seule manière de se soigner est de parcourir le globe, pour tout voir, tout traverser. De là, une ligne fine se crée entre lui, le voyageur, le touriste (lequel est-il?) et l'autochtone.

« Je n’ai pas l’intention de me proclamer explorateur. Je ne veux ni conquérir les sommets vertigineux ni braver les déserts infernaux. Je ne suis pas aussi exigeant. Touriste, ça me suffit.
Le touriste traverse la vie, curieux et détendu, avec le soleil en prime. Il prend le temps d’être futile. De s’adonner à des activités non productives mais enrichissantes. Le monde est sa maison. Chaque ville, une victoire. Le touriste inspire le dédain, j’en suis bien conscient. Ce serait un être mou, au dilettantisme disgracieux. C’est un cliché qui résulte d’une honte de soi, car on est toujours le touriste de quelqu’un. » 

On retrouve une certaine correspondance avec le travail de Jean-Philippe Toussaint quand il s'agit de manier cette ironie douce, jamais dans le jugement ( cf."Autoportrait à l'étranger"). Comme chez Toussaint, cette ironie n'est qu'un vecteur, au final, ce qui accompagne naturellement le regard distancié de l'étranger sur les choses, les incongruités auxquelles l'expose le voyage. Et l'ironie n'empêche pas le drame, ne le dénature pas. C'est toute l'intelligence de Touriste: donner à chaque situation sa juste place, superficialité bonhomme du club de vacances, fraternité inattendue dans une croisière touristique chinoise, horreur lente d'un naufrage à Madagascar...

J'ai l'air sympa, non?
Au-delà même de l'humour et de cet juste équilibre des forces qui sous-tend tout le livre, l'attention portée au choix de chaque mot m'a fait encore fait penser à l'écriture de Jean-Philippe Toussaint. On sent un amour de la langue française, le sentiment que planter une situation de manière efficace en littérature ne peut s'incarner que dans une économie de mots simples, forts et pourtant signifiants.

J'ai commencé Paradis (avant liquidation) et là encore, c'est un très bon bouquin.On peut y lire des phrases parfaites comme ".... ne prend pas la peine de se lever quand j'arrive, mais je ne peux lui en tenir rigueur vu qu'il est unijambiste".

Bref, Julien Blanc-Gras est un auteur à suivre et sa photo en 2eme de couv de Paradis (avant liquidation) renforce l'impression que l'on a, à la lecture de ses livres, d'avoir affaire à un type sympa (oui c'est très superficiel de se raccrocher à ça... Joaquin Phoenix a pas l'air "sympa sympa" et pourtant c'est un acteur génial).

Eet pour finir un bien bel extrait du seul film de Jean-Philippe Toussaint, "la patinoire". Je me marre toute seule en le regardant. Qui a parlé d'ironie douce?


Allez cheers!

vendredi 10 janvier 2014

Wishlist #2: les chaussettes en lurex ou dites "à paillettes"



Les chaussettes scintillantes ont débarqué dans mon existence en 2001 quand Vanessa Bruno les a lancées dans ses collections. A cette époque, entre le mythique cabas à paillettes, les hauts asymétriques, les vestes roses irisées et les chaussettes assorties, on sentait bien que la créatrice projetait sur la féminité une inspiration plutôt liée au Studio 54 qu'à Lars Von Trier. Heureusement H&M a rapidement décidé de copier les fameuses chaussettes ce qui m'a permis de goûter, à moindre prix, à cette délicieuse expérience de l'accessoire qui râpe mais qui en jette.

Depuis le Michael Jackson qui sommeille en moi trésaille de joie plus ou moins régulièrement lorsque cet obscur objet de mode revient dans les bacs de son Monoprix. La boutique Merci dont le bon goût n'est plus à démontrer les a réinterprétées en rouge corail et à côtes (joie), et en plus elles sont en solde. Bon oui 17.50 euros, c'est un peu cher payé pour 59% de coton et 90% d'inconfort assuré mais, youpi, je vais pouvoir prolonger l'effet Debbie Harry du pauvre.



 Allez cheers!

vendredi 3 janvier 2014

Speaking for trees: une certaine histoire de l'Amérique


En 2004, quand le projet Speaking for trees est sorti, j'avais déjà quatre bonnes années d'écoute intensive des albums de Cat Power dans les dents et autant de fascination totale pour le personnage de Chan Marshall. Qu'est-ce qui fait qu'à un moment ces disques ont compté pour moi? Pas d'idée précise si ce n'est qu'ils me donnaient l'impression de voir une âme à nue, qu'ils prouvaient qu'en musique, la technique n'est pas à ce point importante mais aussi, surtout, parce qu'ils m'ont ouvert la porte vers d'autres territoires tout aussi luxuriants. Effet poupée russe toujours aussi fascinant de l'art, lorsque vous écoutez les premiers albums de Chan Marshall, impossible de ne pas ressentir l'envie d'aller plus loin dans votre compréhension de l'Amérique.

Musicalement, Cat Power a toujours invité à sa table ce qui fait l'essence de la culture musicale américaine à grands renforts d'hommages à ses personnages de légende, blancs, noirs, issus du monde du blues, du folk, du jazz. Le magnifique Covers Records en est l'exemple parfait. Une sélection de titres emblématiques poussés dans leurs extrêmes. Voix mise en avant, économie de moyens, chansons parfois amputées de leurs refrains populaires, l'exercice de la reprise a toujours été un domaine dans lequel Chan Marshall excellait; ici elle donne un nouvel écho à ces standards faisant entendre leur souffre ou leur désespoir latent, leur romantisme aussi. Écouter également les reprises sommaires et pourtant déchirantes qu'elle peut offrir au fil des émissions de radio, concerts et autres d'artistes tels que Hank Williams, Bob Dylan, Duke Ellington ou encore Buddy Holly c'est comprendre son attachement viscéral à cet héritage culturel. 



 

Culture vivante par ailleurs tant Chan Marshall ne se contente pas de célébrer le passé. Elle a ainsi offert une peel session d'anthologie reprenant quelques bribes d'artistes contemporains, eux aussi totalement symboliques de la culture américaine, tels que Mary J Blige, faisant un pont dans son interprétation avec les grandes références telles qu'Ella Fitzgerald.



 

Mais si l'Amérique est autant présente dans la musique de Cat Power, elle l'est également dans ses textes, et notamment dans l'album You are free. Une Amérique particulière, celle des déclassés, des fous, de cette classe encore ouvrière traversée par les malheurs (Baby Doll). On peut y voir là encore l'héritage du storytelling à la Dylan mais, Chan Marshall ne l'a jamais caché, c'est également le résultat d'une histoire personnelle, d'origines cherokee, de fantômes trop présents, d'éducation par la rue et de vapeurs d'alcool. Chez Cat Power la folie rode. On boit trop, on aime trop, on a des hallucinations et on divague facilement. On fait avec ce qu'on a et on a peu, une vieille guitare et un piano pas totalement fantastique. Pas étonnant qu'on ait un temps fricoté avec le pas très marrant mais sensationnel Bill Callahan, autre artiste de la folie profondément américain.

 

Par son impudeur, sa capacité à mettre en musique ses failles, et sa voix également pâtinée par le chagrin et la vie, Chan Marshall évoque un autre grand destin américain, Billie Holiday, destin tragique en moins à priori.



 

Dans ses textes, Chan Marshall parle souvent de destins qu'ils soient réalisés ou fantasmés. De tragédies certes comme dans Names mais également de ces légendes qui ont permis au peuple américain de se forger autour d'un mythe, la possibilité du rêve. Mohammed Ali en tête.




Les chansons de Cat Power sont traversées de cette envie de raconter l'Amérique du côté des opprimés, de ceux qui en bavent d'où l'envie de se relancer dans la lecture d'Une histoire populaire des Etats-Unis d'Howard Zinn. Une somme certes mais surtout un ouvrage passionnant qui envisage l'histoire de l'Amérique du côté des victimes et non de celui des vainqueurs afin de montrer combien, en parallèle de la mythologie du rêve, cette société a pu se construire sur la violence des rapports humains.

Alors pourquoi Speaking for trees est-il important alors même qu'il est si peu connu? 

D'une part, d'un point de vue formel, il signe une ultime collaboration entre Chan Marshall et Mark Borthwick, photographe issu de la mode mais dont le travail a toujours outrepassé ce cadre a priori formaté. 
 

En sort un objet très particulier: un DVD sur lequel on peut voir Chan Marshall seule avec sa guitare électrique dans une clairière. Nulle possibilité de se raccorder à quelque chose de connu vu qu'on ne sait pas où on est. On comprend rapidement qu'il est ici question de littéralement parler pour les arbres ou plus exactement de chanter. La prise de son volontairement grossière en rajoute une louche vu qu'elle vise à englober le tout, la voix prise dans l'ambiance sonore de la nature (le bruit du vent qui se lève, les oiseaux). Une sorte de célébration pastorale de la musique. Prolongement naturel de deux ambitions artistiques: filmer le rapport entre l'homme et la nature pour Borthwick qui a toujours pris soin de montrer combien ce lien était essentiel, dépouillement et solitude pour Chan Marshall qui à cette période n'apprécie rien tant que de chanter sans public. Speaking for trees est un film inclassable tant il est dépourvu d'artifices, impossible de parler de clip vu l'absence d'effets et l'impression que le montage s'est fait à la hâche, délire de vidéaste non plus car trop éloigné d'une quelconque école artistique.




D'autre part, d'un point de vue musical, on retrouve ici toutes les marottes chères à Chan Marshall. Une set list foutraque qui fait se mêler compositions personnelles et standards (Blue moon, From fur city, Knocking on heavens doors ). Chan Marshall semble jouer ce qui lui dit, quand bon lui semble. Si elle bute sur une note, elle insiste, si elle a envie de passer à autre chose au bout de deux mesures, elle le fait. Si elle a envie d'imiter les oiseaux, elle s'arrête. Une jolie parenthèse musicale qui vous donne envie de connaître les versions originales et de comprendre pourquoi celles-ci sont importantes à ses yeux. Mais si l'on parle de musique réellement, c'est dans la deuxième partie de Speaking for trees que se niche la véritable merveille, Willie Deadwilder. Rencontre inattendue et pourtant évidente, d'une dizaine de minutes, entre Cat Power et le formidable M. Ward. Ce morceau peut être vu comme une espèce de symbiose magique entre leurs deux univers, la maîtrise technique de Ward, sa très grande connaissance de la musique américaine et sa sensibilité  au service d'un texte superbement tragique. Une perfection de chanson permettant de réunir deux artistes qui aurait du cohabiter plus souvent. Malheureusement, cela ne s'est pas fait. 

 

Aujourd'hui, Chan Marshall signe toujours de très belles chansons mais de manière moins systématique. Son univers est moins habité, le côté rageur de ses premiers albums (Nude as the news en tête) a disparu, on la sent épuisée, peut-être moins inspirée ou trop sensible aux moyens dont désormais elle dispose. L'album The greatest lui a donné une reconnaissance internationale, un côté plus mainstream dont elle s'accomode mal, n'étant jamais aussi superbe que dans l'inconfort.  Mais c'est quand elle chante l'Amérique qu'on la retrouve en pleine possession de ses moyens.