lundi 20 janvier 2014

Ex-fan des nineties


Hier en zappant sans grande ambition, je suis retombée sur ce clip de Cannonball des Breeders, énorme tube de 1994 et groupe que j'aime toujours énormément. En regardant Kim et Kelley Deal avec leur je m'en-foutisme capillaire, leurs larsens géniaux faire n'importe quoi n'importe comment, je me suis dit que, quand même, les années 90 avaient été particulièrement chouettes au niveau musical, ou en tout cas, en termes de proposition musicale. 




Dans mon esprit, les années 90, c'est certes mon adolescence mais c'est surtout une décennie un peu rêvée, où la musique indépendante était réellement promue auprès du grand public et de fait, par des grands médias. Qui peut imaginer aujourd'hui en écoutant Fun Radio (d'ailleurs peut-on aujourd'hui vraiment écouter Fun Radio? A la rigueur on peut passer sur la dite fréquence par erreur, saigner des oreilles et crier d'horreur avant d'aller se coucher dans son lit, apeuré...) qu'il fut un temps où cette même antenne diffusait Common People de Pulp, carburait à Nirvana et pouvait vous faire entendre Pavement aux heures les moins confidentielles? Plus grand chose en effet. MTV idem, avant d'être une chaîne dédiée au corps de Miley Cyrus, avait des airs de petite zone un peu marrante (et certes très marketée) avec ses programmes un peu loufoques (R.I.P Daria et Beavis & Butthead) et ses clips de Radiohead période The Bends en veux-tu en voilà.



Bon voilà, l'air du temps n'est clairement plus à la défense ou en tout cas à la mise en avant d'une culture underground. Pour pouvoir atteindre le mainstream, celle-ci doit d'abord être lessivée, repassée et bien amidonnée, histoire d'être considérée comme accessible. C'est un peu triste. Ça donne Rihanna qui change de style musical tous les deux albums, les albums "acoustiques" pour approcher la "vérité de l'artiste" (beuark), une énième version du piano voix un peu émouvant (Wings de Birdy n'est-il pas la copie conforme de Somewhere only we know de Keane qui lui-même était fortement inspiré par The Scientist de Coldplay? pfioulala...)...

En regardant en arrière, j'ai le sentiment que j'ai eu de la chance de pouvoir grandir dans une décennie où la culture de l'anti-conformisme, du DIY était accessible, promue, où les icônes étaient volontairement asexuées ou jouant justement avec ses codes pour mieux les briser, pour des raisons artistiques et non pas commerciales. Je ne pense pas pour autant que "c'était mieux avant", il y a toujours eu une récupération de l'underground par le mainstream et les années 90 ont vu leur lot de très mauvais groupes dont la musique était volontairement pompée sur ce qui "allait marcher" pour l'ado indé en Doc Marteens qui attendait fébrilement le moment où il allait pouvoir acheter sa "sélection Rock Sound" (ou Inrocks selon). Et puis il y a toujours aujourd'hui énormément de très bons disques qui sortent, le nier serait totalement idiot.

Sur ce coup, je ne sais pas si Sébastien Tellier est le meilleur exemple, mais j'aime beaucoup trop cette chanson.

Non je crois que ce que je regrette profondément, c'est qu'aujourd'hui si j'étais ado et si naturellement je ne m'intéressais pas aux cultures alternatives, rien, ne m'amènerait de manière très simple à les apprécier. Dans les grands médias, il n'y a plus de place pour l'indé. Le goût, la tendance musicale se sont simplifiées autour d'un espèce de néant musical (un peu de R'n'B, une dose d'eurodance, un featuring, une choré, une proposition stylistiques outrancière) et surtout idéologique. A part le très transversal "accepte-toi, les différences, c'est très beau" prôné par des artistes à l'anticonformisme de carton-pâte (la variante: "Ce qui ne te tue pas te rend plus fort" souvent tatoué dans l'intérieur du bras), j'entends assez peu parler les musiciens que ce soit de leur musique, de leurs convictions (mis à part le pseudo féminisme vendu pour ratisser large), ou des gens, des mouvements qui les ont influencés intellectuellement (si j'entends encore une fois Lady Gaga sur Andy Warhol, je meurs). Les grands médias ne leur en donnent pas la place, car ils ont ce même rapport frileux à l'innovation, à l'art. C'est un système qui s'auto-entretient d'ailleurs puisque les maisons de disques, elles-mêmes n'ont plus les moyens ni l'envie de proposer quelque chose qui sorte des sentiers battus. Et puis le rapport à la consommation musicale a tellement changé depuis une dizaine d'années. Le partage en musique se fait bien sûr toujours mais "entre soi". Du coup on maintient quelque part le bon goût pour une élite, c'est dommage. Tout ça me donne l'impression d'une espèce de repliement généralisé.

Mais bon on a le droit de se dire que les choses vont encore changer et je l'espère car il y a toujours des pépites. On parle d'Anna Calvi, cet espèce de mélange entre Jeff Buckley et PJ Harvey? (bref, l'enfant parfait issu d'un rêve érotique de tout ado des années 90)



Allez cheers!





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